
3D : JDM / CARTE : GOOGLE EARTH






Ce qu’ils révèlent relève d’histoires qui ont marqué notre imaginaire : dans la jungle se trouve un réseau de routes et de villages qui auraient abrité de 10 000 à 30 000 agriculteurs pendant plus de 1000 ans.
Les traces d’une civilisation vieille de 2000 ans ont été découvertes dans le cœur de la forêt amazonienne en Équateur.
Ce sont des radars qui ont récemment permis de faire une cartographie numérique de la dense forêt équatoriale et les résultats ont été publiés en janvier dans la revue Science.
Anthropologie
Image de la région générée par LiDAR
PHOTO : Stéphen Rostain ET Antoine Dorison, CNRS
Monticules de la vallée de la rivière Upano
PHOTO : Stéphen Rostain ET Antoine Dorison, CNRS
Le peuple Upano aurait été contemporain à l’Empire romain. Les chercheurs ont déterminé que les colonies retrouvées auraient été occupées entre environ 500 av. J.-C. et 300 à 600 apr. J.-C. Elles auraient dû quitter la région à la suite d’ une éruption du volcan Sangay.


Des archéologues avaient retrouvé quelques monticules et tranchées dans la vallée de l’Upano il y a presque vingt ans, mais leur origine était à ce jour inconnue.
L'ÉTENDUE DES DÉCOUVERTES
Les nombreuses colonies (des villages) sont reliées par un réseau routier, révélant ainsi une société complexe et organisée qui précède le contact européen et qui était jusqu’à présent inconnue des archéologues.

Balayez l'axe fléché de l'image pour voir l'ampleur des découvertes

située dans la Vallée de la rivière Upano, au pied des Andes
SOURCE : SCIENCE
La forêt amazonienne est extrêmement dense (elle compte environ 390 milliards d’arbres) et peut difficilement être cartographiée à pied.
Analyse par télédétection laser (LiDAR)
Les chercheurs ont donc utilisé un système LiDAR, qui permet de calculer le temps que met la lumière à rebondir sur le sol, pour balayer la jungle sur une zone de 600 km2.

Les chercheurs ont trouvé des groupes de monticules, et des traces de champs agricoles, de canaux de drainage et d’un réseau routier complexe. Les vestiges de bâtiments ont été trouvés sur les monticules, sur lesquels ils auraient été érigés.
6000 plateformes et des kilomètres de routes enterrés
NOTE : Cette illustration est une interprétation d'artiste. Les fouilles ne permettent pas de déterminer la nature exacte des bâtiments.
Sur les plateformes artificielles étaient construits des bâtiments résidentiels et cérémoniels. Les Incas et les Mayas construisaient en pierre à la même époque, mais les habitants de l'Amazonie n'avaient généralement pas les mêmes ressources et construisaient en boue.
Des constructions en boue
Les fouilles ont entre autres révélé des sols domestiques, des foyers, de grandes jarres, des pierres à moudre et des graines brûlées.
Des analyses d’amidon provenant de poteries ont révélé la consommation de maïs, de haricots, de manioc et de patates douces.
Des routes qui s’étendaient sur de longues distances reliaient les différentes colonies, créant ainsi un réseau routier à l’échelle régionale. La plus grande route était d’une largeur de 10 mètres s’étendait sur 10 à 20 kilomètres.
Un peuple axé sur l’agriculture
Des infrastructures complexes
Une culture jusqu’à maintenant inconnue
Une société organisée





Excavation d'une plateforme du site de Sangay
Photo A. Dorison et S. Rostain, CNRS
PHOTO AFP
L'archéologue Séphen Rostain
Photo CNRS
Photo A. Dorison et S. Rostain, CNRS


Sytème de routes visible sur les images générées par LiDAR
Photo A. Dorison et S. Rostain, CNRS
Les fouilles ont entre autres révélé des trous de poteau, des fosses et des canaux de drainage.

Le LiDAR (Light Detection and Ranging) est une technologie utilisée depuis peu en archéologie, qui consiste à équiper un avion d’un laser qui balaye la forêt.
1. Le laser envoie au sol chaque seconde jusqu'à 150 000 impulsions inoffensives et invisibles, pendant que l'avion vole selon une trajectoire précise, guidé par GPS.
2. Un détecteur calcule le temps que met chaque pulsation avant de rebondir sur un obstacle. Celles qui rebondissent sur un arbre ou une structure reviennent plus vite qu’une pulsation qui rebondit sur le sol.
3. Des algorithmes complexes permettent d’éliminer les pulsations qui ont percuté des arbres. On obtient une carte topographique précise à quelques pouces près.
Comment fonctionne le LiDAR

3D : JDM / CARTE : GOOGLE EARTH

Le volcan Sangay
Photo ADOBESTOCK
en cinq minutes
Recherche et rédaction : Rosalie F. Choquette et Baptiste Zapirain
Design et expérience numérique : David Lambert
3D : Jean-Hugues Levasseur
Sources : Archives, AP News, Géo, Science
Images et vidéo : Adobestock, AFP, Google Earth, A. Dorison et S. Rostain pour le Centre national de rescherche scientifique (CNRS) de Paris

