12 trésors archéologiques du québec

L’Ancienne-Lorette

12 trésors archéologiques du québec

L’Ancienne-Lorette

Carte des Environs de Quebec en La Nouvelle France Mezuré sur le lieu très exactement en 1685 et 86 par le Sr Devilleneuve Ingénieur du Roy (détail).

En collaboration avec Pointe-à-Callière, Cité d’archéologie et d’histoire de Montréal

Ukraine

350 ans d’histoire sous un stationnement

Printemps 2018. En prévision de la construction imminente d’un nouveau point de service à L’Ancienne-Lorette, plusieurs équipes d’archéologues s’affairent à fouiller derrière le presbytère paroissial. Pourquoi ? Sous l’asphalte du stationnement se trouvent 350 ans d’histoire racontant la genèse de cette municipalité voisine de Québec.

Stéphane Noël

Archéologue

PARTAGE

En 1673, les pères jésuites Pierre-Joseph-Marie Chaumonot et Martin Bouvart fondent une nouvelle mission. Environ 300 Autochtones les accompagnent, majoritairement des Hurons-Wendat, mais aussi des Iroquois (Haudenosaunee) convertis au catholicisme. Selon les documents historiques, les familles autochtones occupaient des « cabanes » en écorce disposées en carré autour d’une place. En son centre, les jésuites ont fait construire une chapelle en brique qui se voulait une évocation de la Sainte Maison de Nazareth, située à Loreto, en Italie. Cette chapelle est rapidement devenue un lieu de pèlerinage important pour les colons et l’élite de la Nouvelle-France. Sous la pression de Mgr de Saint-Vallier, évêque de Québec, les Jésuites cèdent leur terrain pour la création d’une nouvelle paroisse en 1697. La mission déménage plus au nord, près des chutes de la rivière Saint-Charles, à la Jeune-Lorette (aujourd’hui Wendake). À l’endroit où s’élevait autrefois la mission Notre-Dame-de-Lorette se trouvent maintenant l’église, le presbytère et le cimetière de la paroisse Notre-Dame-de-l’Annonciation.

Notre-Dame-de-Lorette

Les fouilles sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette. Ce site archéologique offre un éclairage unique sur la vie quotidienne des Hurons-Wendat à une période charnière de leur histoire dans la région de Québec. Les vestiges de pierre pourraient être ceux d’un premier presbytère érigé vers 1700, après la relocalisation de la mission.

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Après des sondages archéologiques très concluants à l’automne 2017, la Ville de L’Ancienne-Lorette mandate des archéologues pour pratiquer des fouilles exhaustives sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette. Plus d’une trentaine d’archéologues ont participé à ces recherches, en collaboration avec la Nation huronne-wendat. Pendant 10 semaines, mes collègues et moi avons fouillé près de 500 m² sur le terrain du presbytère, recueillant plus de 100 000 artefacts et écofacts (c’est-à-dire des restes végétaux et animaux) datant du XVII^e siècle jusqu’au début du XX^e.

Quelque 500 m² à explorer

QUÉBEC

Site des fouilles

Les fouilles ont permis d’observer les changements dans les différentes sphères de la vie des Autochtones de l’époque. Bien que ceux-ci aient vécu dans des maisons traditionnelles en écorce, l’organisation spatiale de la mission, planifiée par les pères jésuites, n’est pas typique des villages autochtones du début du XVII^e siècle. Au quotidien, les Hurons-Wendat utilisaient des objets d’origine européenne, mais aussi plusieurs objets utilitaires et des parures façonnés de manière traditionnelle, comme des pipes à fumer en pierre et des perles de coquillage (wampum). Quant à leur alimentation, elle était variée et se composait aussi bien d’espèces végétales et animales indigènes, comme le maïs et les animaux sauvages, que d’espèces domestiquées originaires d’Europe, telles que le porc, les pois et le blé. Dernier arrêt avant l’établissement permanent des Hurons-Wendat à Wendake, la mission Notre-Dame-de-Lorette occupe une position privilégiée pour comprendre le cheminement de ce peuple dans la région de Québec. Elle met en lumière une identité en mouvement qui devait se réinventer pour s’adapter à un environnement – sociopolitique, culturel et naturel – lui-même en constante évolution.

Lieu de vie et d’échanges

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Parmi les milliers d’artefacts découverts sur le site figure un pendentif à l’effigie du castor, fabriqué dans de la pierre rouge (catlinite). Cette pierre provient de l’ouest des Grands Lacs et témoigne des réseaux d’échanges étendus de l’époque. Une cannelure particulière sur la face interne indique également que ce pendentif a été créé à partir d’un grand calumet cérémoniel. Une croix a été tracée à l’aide de ponctuations sur le dos du castor, possiblement en lien avec la foi chrétienne.

Pipe en céramique et pipe en pierre, toutes deux autochtones.

Trouvés sur le site, un petit crucifix en laiton d’origine européenne.

Une bague dite « de jésuite » en métal cuivreux, objet traditionnellement associé à la conversion.

À visiter

Stéphane Noël travaille en archéologie depuis près de 20 ans. Il a fouillé de nombreux sites au Québec et dans les provinces de l’Atlantique. En 2017 et 2018, il a mené d’importantes recherches archéologiques sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette, à L’Ancienne-Lorette, pour la firme GAIA, coopérative de travail en archéologie. Depuis 2019, il est archéologue pour la Ville de Québec.

Le Musée-Hôtel Premières-Nations à Wendake, pour en connaître davantage sur l’histoire des Hurons-Wendat.

À L’Ancienne-Lorette, activités dans le cadre du 350^e anniversaire, en 2023.

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Qui est cet archéologue ?

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Estrie
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Texte et recherche: Stéphane Noël

Design et expérience numérique: Marcel Allard

Photos: Audet Photo, Anne-Marie Faucher et Collection Wendake; photos Jacques Beardsell

Illustrations: Bibliothèque nationale de France, département Cartes et plans, GE SH 18 PF 127 DIV 7 P 4 et Antoine Guérette