Cadres d’insectes tirés de la collection de référence entomologique du Laboratoire d’archéologie environnementale de l’Université Laval.   

Font

En collaboration avec Pointe-à-Callière, Cité d’archéologie et d’histoire de Montréal

Ukraine

Des insectes vieux de 400 ans retracent l’histoire de Québec

Secret de Polichinelle ! Même avec de saines habitudes de vie, nous partageons nos habitations avec beaucoup d’insectes. Si certains sont discrets, plusieurs de ces colocataires savent se montrer insistants, comme la fameuse punaise de lit.

PARTAGE

Cette cohabitation entre l’insecte et l’humain ne date pas d’hier. Et pour l’archéoentomologiste, cette relation fait en sorte que les sites archéologiques fourmillent littéralement de données permettant d’en apprendre plus sur les humains du passé. L’histoire de l’environnement local, celle de l’urbanisation, des pratiques hygiéniques et de la gestion des denrées constituent des exemples de sujets auxquels s’attache l’archéoentomologie, qui consiste dans l’étude des restes d’insectes en contexte archéologique.

Olivier Lalonde, Allison Bain et Solène Mallet Gauthier,

Archéologues

Archéoentomologie

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On trouve rarement des insectes complets dans les sédiments archéologiques. Exemples de fragments de coléoptères avec lesquels travaille l’archéoentomologiste.

Près de la communauté de Waskaganish on trouve le site archéologique le plus ancien de la région côtière d’Eeyou Istchee  : Sanders Pond. Aujourd’hui, ce lieu est sur une terrasse naturelle à 60 m au-dessus de la mer. Mais il y a 4000 ans, le paysage était bien différent. Ce campement était établi au bord de l’eau, dans le delta formé par l’embouchure des rivières Broadback et Rupert. Par comparaison, le plus proche campement possédant le même âge et des caractéristiques semblables (types d’outils, matières premières) est éloigné de 1000 km vers l’est, sur les côtes du Labrador. Sanders Pond est donc l’un des seuls témoins du vaste réseau d’échanges entre les populations qui sillonnaient le territoire du Québec avant l’arrivée des Européens.

Sanders Pond

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Pointes de projectile en pierre polie trouvées sur le site de Sanders Pond. Un autre exemple de la maîtrise de l’art de fabriquer de tels outils en pierre polie.

L’équipe au travail sur le site de Sanders Pond.

Un couteau en pierre polie découvert sur le site de Sanders Pond. Les habitants du site étaient passés maîtres dans l’art de fabriquer de tels outils en pierre polie.

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Bien qu’il existe une grande variété d’insectes au Québec, l’archéoentomologiste ne s’intéresse qu’à une portion bien précise de l’« entomofaune », soit les coléoptères, les diptères (mouches) et les hémiptères (punaises). La raison est bien simple. Plusieurs de ces insectes occupent des habitats très spécifiques : une sorte de plante ou un lieu caractérisé par un certain taux d’humidité, par exemple. Dans un contexte archéologique, si l’on identifie un insecte associé à une plante en particulier, on peut en déduire que celle-ci a déjà poussé sur le site à l’étude.

Consultation d’une collection de référence entomologique à l’Université Laval.   

Des insectes porteurs d’indices

Les environnements

Les insectes ont permis de reconstituer de façon précise certains environnements.

Avant l’arrivée des Européens, les abords de l’embouchure de la rivière Saint-Charles, qui se déverse dans le fleuve Saint-Laurent, consistent en une étendue marécageuse, comme l’indiquent les nombreux insectes aquatiques récoltés sur le site.

On y trouve aussi une végétation riche et variée, comme le donne à penser le tout petit coléoptère Litargus tetraspilotus, friand du feuillage des conifères, collecté dans un contexte archéologique datant d’avant l’arrivée des Européens.

Toutefois, lorsque les Européens s’installent aux abords de la rivière Saint-Charles à partir de 1665, les insectes témoignent d’un changement progressif dans le paysage du secteur.

Le défrichement du terrain crée en effet un environnement propice à de nombreux insectes préférant les paysages ouverts, tel le carabe Agonum cupripenne.

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Les activités humaines

Au 19e siècle, la ville de Québec connaît un important essor démographique et industriel.

À l’îlot des Palais, des insectes récoltés dans des latrines situées sous l’actuelle rue des Prairies témoignent des nouvelles habitudes de vie des habitants qu’ont entraînées ces changements.

Une multitude d’espèces nuisibles comme le Nausibius clavicornis ont été identifiées. Cet insecte à la « dent sucrée » est friand de fruits séchés, de riz et de sucre. On peut déduire de sa présence que certains de ces produits ont été consommés à l’îlot des Palais.

Les insectes ont pu être rejetés dans les latrines après un balayage de plancher, par exemple, ou consommés par inadvertance par les habitants.

En effet, l’exosquelette des insectes est composé de chitine, une matière semblable à celle de nos ongles, qui ne se désintègre pas dans le système digestif. Les repas évacués dans ces latrines étaient donc peut-être plus croustillants qu’à l’accoutumée !

Les denrées alimentaires ne sont pas les seules proies des insectes nuisibles. Les latrines de l’îlot des Palais contenaient quelques spécimens de punaises de lit, un insecte qui, à notre plus grand désarroi, demeure très attaché à l’humain dont il se nourrit.

Indices archéoentomologiques à l’îlot des Palais

1. Superposition de deux élytres d’Agonum cupripenne provenant d’un contexte archéologique à l’îlot des Palais et d’un individu moderne complet. 2. Le logis de l’intendant est représenté au n° 3. Extrait du « Plan de la ville et chasteau de Québec, fait en 1685 mezurée exactement par le Sieur de Villeneuve ». 3. Le palais de l’intendant. Cartouche de Fonville/J. B. Louis Franquelin, Québec vue de la Canardière

Lieu de résidence des intendants de la Nouvelle-France à Québec dès 1686, le site de l’îlot des Palais illustre bien la contribution de l’archéoentomologie à la recherche archéologique au Québec. Riche d’une longue histoire, ce site a été le terrain de jeu de plusieurs archéoentomologistes de l’Université Laval. Grâce à ces scientifiques, on peut voir les lieux sous un jour différent. Voici un aperçu de ce que les insectes ont révélé sur le passé.

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1. Latrines de l’îlot des Palais 2. Tête, pronotum et élytres de Nausibius clavicornis trouvés dans les latrines de l’îlot des Palais. 3. Fragments de Cimex lectularius provenant des latrines de l’îlot des Palais superposés à un spécimen moderne.

Simon Mattawashish devant l’entrée de Waapushukamikw (l’antre du lièvre ou maison du Grand Esprit).

lieux des sites archéologiques

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QUÉBEC

Olivier Lalonde est engagé dans une multitude de sphères du monde archéologique. Il apprécie autant l’effet calmant du microscope que l’usage énergisant de la pioche. Grâce à son travail avec le Laboratoire d’archéologie environnementale de l’Université Laval ainsi qu’avec GAIA, une coopérative de travail en archéologie dont il est président, Olivier a la chance d’exprimer sa passion pour l’archéoentomologie depuis presque une décennie.

Allison Bain est professeure titulaire en archéologie au Département des sciences historiques de l’Université Laval. Elle dirige le chantier-école en archéologie historique depuis 2006 et est directrice du Laboratoire d’archéologie environnementale et du Groupe de recherche en archéométrie. Ses intérêts de recherche portent sur les interactions entre les humains et leurs environnements dans le passé.

Solène Mallet Gauthier est candidate au doctorat à l’Université de l’Alberta. Titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise en archéologie de l’Université Laval, elle s’intéresse particulièrement au lien entre l’alimentation et l’identité pendant la période historique en Amérique du Nord. En 2023, Solène a participé à la finale nationale du concours Ma thèse en 180 secondes.

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Qui sont ces archéologues ?

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Texte et recherche: Olivier Lalonde, Allison Bain et Solène Mallet Gauthier

Design et expérience numérique: Marcel Allard

Photos: Olivier Lalonde; Université Laval; Raphaëlle Lussier; Allison Bain

Illustrations: tirées des Archives nationales de France, et BAnQ, l’original conservé au Service historique de la Marine à Vincennes

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