L’art de la table chez la bourgeoisie française.

Cet été, vivez au rythme de l’archéologie. Pendant huit semaines, le musée Pointe-à-Callière, Cité d’archéologie et d’histoire de Montréal en collaboration avec Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec partagent avec vous lieux et artéfacts qui ont marqué la science de l’archéologie et, par le fait même, l’histoire du Québec. Ne ratez pas ce rendez-vous hebdomadaire tous les samedis, du 5 juillet au 23 août 2025.

Font
Font

En collaboration avec Pointe-à-Callière, Cité d’archéologie et d’histoire de Montréal

Ukraine

Chez les Perthuis

Été 1750. Joseph Perthuis de la Salle, marchand et conseiller au Conseil supérieur de Québec, vend la maison familiale dont il a hérité en 1741. Peut-être cherche-t-il une résidence plus récente, car celle qu’il quitte, coin Notre-Dame et côte de la Montagne à Québec, a été bâtie en 1682.

PARTAGE

Paul-Gaston L’Anglais,

Collaboration spéciale

QUÉBEC AU 18e SIÈCLE

À la chasse à l’inutile

Au moment de son déménagement, Joseph Perthuis a sans doute agi comme le font aujourd’hui nombre de Québécois le 1er juillet. Il s’est débarrassé d’objets inutiles ou vieillots, accumulés au cours des décennies. Une différence toutefois : la collecte des déchets n’étant pas encore organisée, il a jeté ses articles dans la fosse maçonnée des latrines de la maison. Mis au jour dans les années 1970, ces détritus sont devenus des trésors aux mains des archéologues.

Dans les latrines

Les conduites d’égout et d’eau potable datent du milieu du 19e siècle dans les grandes villes québécoises. Auparavant, les règlements municipaux exigeaient que les habitations soient munies de latrines intérieures ou extérieures. Pourvues d’une cabane en bois construite sur une fosse en bois ou en pierre, les latrines servent de réceptacle aux déjections humaines, aux restes de table et aux objets brisés.

Vieux ou invendables

Perthuis se considérait comme un négociant. Dans ses latrines, on a trouvé quantité d’assiettes et de plats en faïence, ainsi que des verres à vin et des bouteilles, usées et cassées. Puis, des marchandises invendables, importées de France, probablement livrées cassées. Le marchand s’en est débarrassé dans la fosse des latrines. Il s’agissait d’articles peu chers et communs à Québec et à Montréal, entre 1720 et 1760.

Près de la communauté de Waskaganish on trouve le site archéologique le plus ancien de la région côtière d’Eeyou Istchee  : Sanders Pond. Aujourd’hui, ce lieu est sur une terrasse naturelle à 60 m au-dessus de la mer. Mais il y a 4000 ans, le paysage était bien différent. Ce campement était établi au bord de l’eau, dans le delta formé par l’embouchure des rivières Broadback et Rupert. Par comparaison, le plus proche campement possédant le même âge et des caractéristiques semblables (types d’outils, matières premières) est éloigné de 1000 km vers l’est, sur les côtes du Labrador. Sanders Pond est donc l’un des seuls témoins du vaste réseau d’échanges entre les populations qui sillonnaient le territoire du Québec avant l’arrivée des Européens.

Sanders Pond

Outdoor recreation, Trousers, Plant, Outerwear, Sky, Leisure

Pointes de projectile en pierre polie trouvées sur le site de Sanders Pond. Un autre exemple de la maîtrise de l’art de fabriquer de tels outils en pierre polie.

L’équipe au travail sur le site de Sanders Pond.

Un couteau en pierre polie découvert sur le site de Sanders Pond. Les habitants du site étaient passés maîtres dans l’art de fabriquer de tels outils en pierre polie.

Tree, Plant, Triangle

Simon Mattawashish devant l’entrée de Waapushukamikw (l’antre du lièvre ou maison du Grand Esprit).

Vaisselle de luxe

Le service à la française domine à l’époque de Perthuis. Le repas le plus important de la journée, souvent le dîner, se divise en quatre services et plus. Pour chacun, la table est couverte de mets déposés dans des plats ornés et disposés avec symétrie. Chaque convive dispose d’une assiette décorée, remplacée à chaque service. La collection Perthuis compte pas moins de 86 assiettes. La faïence de France, au décor peint en bleu sur fond blanc, s’inspire de la porcelaine de Chine, un produit de luxe.

Chocolat et café

Au 18e siècle, il est commun, parmi l’élite, de déjeuner avec une tasse de chocolat chaud. Épicé, augmenté d’un œuf, de lait et de sucre, la boisson originaire d’Amérique du Sud a été importée en Europe au 15e siècle par les Espagnols.

L’introduction du café en France date des années 1680. Chez les Perthuis, on le prépare à la turque. Les grains moulus sont déposés dans un chaudron rempli d’eau. Le café bien corsé est servi après trois ou quatre bouillons, dans une tasse à anse déposée sur une soucoupe.

Assiette en faïence de Nevers, France, 1720 à 1740.

Tasse à chocolat chaud en faïence de Nevers, France, deuxième quart du 18e siècle. Le chocolat était consommé très chaud, d’où l’intérêt d’user d’une tasse à deux anses.

Cafetière ou chocolatière en faïence de Nevers, France, 1720 à 1750. L’objet était tenu au-dessus des braises pour en chauffer le contenu liquide, comme le montrent les traces de suie visibles sur ses pattes.

En Nouvelle-France, on boit du vin importé de France, surtout du rouge. La boisson alcoolisée est souvent coupée avec de l’eau, comme la buvait le roi Louis XIV, à la demande de ses médecins. Les mieux nantis, comme la famille Perthuis, l’achètent au tonneau, et l’embouteillent dans leur cave.

Taste-vin en faïence de Nevers, France, fin 17e siècle. Pour vérifier la qualité du vin servi à ses invités, l’hôte le goûte au moyen de cet article, encore en usage de nos jours.

Rafraîchissoir à verre à vin en verre incolore, Pays-Bas, 1725-1760. Il était de bon ton de rafraîchir le vin des convives par trempage de leur verre dans un rafraîchissoir rempli de glace concassée.

Verre à vin en verre incolore, France, 1725-1760. Les verres à vin du 18e siècle sont d’une minceur et d’une fragilité étonnantes. Ils étaient expédiés à Québec dans des caisses en bois garnies de paille.

Bouteille à vin en verre, France, 1660-1730. Ce modèle de bouteille au long col, très ancien, était entreposé cul par-dessus tête de manière à conserver humide le bouchon.

Bouteille à vin en verre, France, 1730-1759. Vers 1730 naît en France la pratique d’entreposer les bouteilles à vin couchées sur des étagères. Les Perthuis avaient en réserve six douzaines de bouteilles de divers modèles pour embouteiller leur vin de qualité.

À boire !

Qui est ce spécialiste
en culture matérielle ?

Détenteur d’un doctorat en archéologie depuis 1989, Paul-Gaston L’Anglais a participé à de nombreux chantiers d’envergure, comme le Palais de l’intendant et les Forts-et-Château-Saint-Louis à Québec. Il a aussi étudié plusieurs collections archéologiques importantes. Parmi celles-ci : les projectiles d’artillerie de la ville de Québec, les artéfacts de l’époque française du domaine de Maizerets, le verre du château Montebello et les munitions pour armes portatives de l’Arsenal de Québec.

Pour en savoir plus

Paul-Gaston L’ANGLAIS, Les modes de vie à Québec et à Louisbourg au milieu du XVIIIe siècle à partir de collections archéologiques. Collection Patrimoines, série Dossiers, 86, Québec, Publications du Québec, 1994.

lieux des sites archéologiques

World, Ecoregion, White, Map, Product, Font

QUÉBEC

12 trésors archéologiques du québec

poursuivez votre lecture

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Estrie
xxxxxx

Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting
Cloud, Art, Painting

Estrie
xxxxxx

Cloud, Art, Painting

Texte et recherche: Paul-Gaston L’Anglais

Design et expérience numérique: Marcel Allard

Photos: Fournie par Paul-Gaston L’Anglais et Collection ministère de la Culture et des Communications, photo Jacques Beardsell, Pointe-à-Callière et Joey Leblanc, www.Archeolab.Quebec.

Illustration: Jean-François de Troy, Le déjeuner d’huîtres (détail), 1735. Musée Condé, Chantilly, France, RMN-Grand Palais, Art Resource, NY, ART363901.

© Le Journal de Montréal Inc. Tous droits réservés.