Au fil du temps, avec l’augmentation de la population montréalaise, l’hôpital général fait l’objet de plusieurs agrandissements. Cette illustration 3D représente l’établissement vers 1850. La chapelle et l’aile à gauche ont été démolies en 1872.

Cet été, vivez au rythme de l’archéologie. Pendant huit semaines, le musée Pointe-à-Callière, Cité d’archéologie et d’histoire de Montréal en collaboration avec Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec partagent avec vous lieux et artéfacts qui ont marqué la science de l’archéologie et, par le fait même, l’histoire du Québec. Ne ratez pas ce rendez-vous hebdomadaire tous les samedis, du 5 juillet au 23 août 2025.

En collaboration avec Pointe-à-Callière, Cité d’archéologie et d’histoire de Montréal

Ukraine

L’ancien hôpital général, une oasis patrimoniale

Construit à la fin du 17^e siècle, l’ancien hôpital général a été préservé du développement commercial et urbain dans le secteur ouest du Vieux-Montréal. Avec ses trois étages en pierres des champs, ses deux ailes d’origine – l’aile des pauvres et l’aile de la communauté –, son imposante voûte au sous-sol, l’établissement connu aujourd’hui sous le nom de «Maison de Mère d’Youville» recèle encore bien des trésors sur les conditions des plus démunis à Montréal aux 17^e et 18^e siècles. En voici un aperçu.

PARTAGE

Mylène Laurendeau et Paul-Gaston L’Anglais,

Collaboration spéciale

Vieux-Montréal

Près de la communauté de Waskaganish on trouve le site archéologique le plus ancien de la région côtière d’Eeyou Istchee : Sanders Pond. Aujourd’hui, ce lieu est sur une terrasse naturelle à 60 m au-dessus de la mer. Mais il y a 4000 ans, le paysage était bien différent. Ce campement était établi au bord de l’eau, dans le delta formé par l’embouchure des rivières Broadback et Rupert. Par comparaison, le plus proche campement possédant le même âge et des caractéristiques semblables (types d’outils, matières premières) est éloigné de 1000 km vers l’est, sur les côtes du Labrador. Sanders Pond est donc l’un des seuls témoins du vaste réseau d’échanges entre les populations qui sillonnaient le territoire du Québec avant l’arrivée des Européens.

Sanders Pond

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Pointes de projectile en pierre polie trouvées sur le site de Sanders Pond. Un autre exemple de la maîtrise de l’art de fabriquer de tels outils en pierre polie.

L’équipe au travail sur le site de Sanders Pond.

Un couteau en pierre polie découvert sur le site de Sanders Pond. Les habitants du site étaient passés maîtres dans l’art de fabriquer de tels outils en pierre polie.

1694-1695

François Charon de la Barre, avec ses associés montréalais, inaugure l’hôpital général consacré aux soins des hommes démunis. Le besoin se fait sentir dès cette époque de prendre en charge des soldats démobilisés, des artisans sans travail, des vieillards.

1747

La gestion de l’hôpital général est confiée à Marguerite d’Youville et ses sept compagnes qui forment, depuis le 31 décembre 1737, la communauté des Sœurs de la Charité de Montréal, appelées « Sœurs Grises ». L’établissement accueille désormais les orphelins, les personnes handicapées et âgées, ainsi que les gens dans le besoin.

1871

Développement rapide du quartier, inondations fréquentes, essor de la congrégation… Autant de raisons qui obligent la communauté à quitter le Vieux-Montréal pour aller s’établir «à la campagne», à l’angle actuel de la rue Guy et du boulevard René-Lévesque. Toutefois, « la campagne » va rapidement se transformer en centre-ville.

1872

L’ouverture de la rue Saint-Pierre dans le Vieux-Montréal force la démolition de la chapelle et de l’aile «des pauvres». Dès 1873, les sœurs construisent des magasins entrepôts rue Saint-Pierre afin de les louer.

1981

Après un vaste chantier de rénovation et de restauration, les Sœurs Grises sont de retour à l’ancien hôpital général, désormais appelé « Maison de Mère d’Youville ». Le bâtiment abrite maintenant le siège social de la communauté et le Service des archives et des collections.

Cinq moments clés

Dessin de l’hôpital général vers 1695, avec sa chapelle à gauche, son aile des pauvres et l’aile de la communauté.

Simon Mattawashish devant l’entrée de Waapushukamikw (l’antre du lièvre ou maison du Grand Esprit).

La collection d’artéfacts mise au jour sur le site de l’ancien hôpital général est un secret bien gardé dans le milieu de l’archéologie québécoise. Les fouilles ont été effectuées pendant la rénovation de l’immeuble en 1979-1980. À ce jour, cette collection n’a pas fait l’objet de diffusion auprès du grand public. Voici donc une primeur !

Une portion importante de la collection provient d’une fosse de latrines – une toilette extérieure – adossée à l’aile de la communauté. Les artéfacts datent tous de la période française, avant 1760. Au moment de leur découverte, ils se trouvaient dans un excellent état de conservation. Environ mille objets en céramique ont été mis au jour. Plus de 90 % d’entre eux sont en terre cuite commune, importés du sud de la France. Ce sont des objets de tous les jours, sans marque de raffinement. Voilà qui concorde avec la mission de la congrégation vouée à la charité et aux soins des démunis.

Ce pichet de forme rare est une pièce unique, encore jamais trouvée dans une collection québécoise. La forme est ancienne : des objets similaires sont produits aux 15^e et 16^e siècles dans le sud de la France. Le bec verseur étroit et tubulaire permettait sans doute d’éviter d’asperger l’utilisateur au moment de l’abreuver. Cette caractéristique pourrait en faire un objet destiné aux soins des malades alités à l’hôpital général.

Assiette et assiette creuse. Ces objets ont été fabriqués dans le sud de la France au milieu du 18^e siècle.

Pot ou cruche, originaire de la Saintonge. Sa forme, au bec pincé, est unique dans les collections du Québec. Cet objet pourrait être très ancien, mais il demeure difficile à dater. Peut-il remonter à l’époque des frères Charon (1694-1747)?

Mille objets au service des démunis

Le service des archives et des collections des Sœurs Grises est un service d’archives privées, agréé par Bibliothèque et Archives nationales du Québec depuis 2016. Il conserve le patrimoine historique de la congrégation et perpétue la mémoire de sainte Marguerite d’Youville. Son mandat ? Assurer la conservation des archives, répondre aux demandes d’information et faire connaître ce patrimoine inestimable. Les collections regroupent environ 5000 pièces rassemblées au cours des années par les Sœurs Grises, en plus de la collection archéologique. Elles contiennent des objets de la vie des sœurs, de nombreux documents et témoignages de leur vie quotidienne et des œuvres réalisées par celles-ci.

Le service des archives et des collections des Sœurs Grises de Montréal, vous connaissez ?

Registre de l’entrée des pauvres à l’hôpital général de Ville-Marie, 1696-1796. Ce premier registre des pauvres de Ville-Marie comprend les noms des personnes admises de 1696 à 1796. Véritable trésor, il permet d’en apprendre sur les premiers Montréalais et sur les enjeux sociaux de l’époque.

Croix de profession ayant appartenu à sainte Marguerite d’Youville, 1755.

La passion de l’archiviste…

… Et l’expertise du chercheur en culture matérielle

Mylène Laurendeau est archiviste chez les Sœurs Grises de Montréal depuis plus de 20 ans. Diplômée en histoire et en archivistique, elle assure la gestion du service. Ce qu’elle apprécie de son travail ? Côtoyer l’histoire au quotidien et découvrir des trésors à travers ses recherches. Mylène s’intéresse particulièrement à la diffusion du patrimoine afin de faire connaître la passionnante histoire de ces femmes qui ont tant contribué à l’histoire du Québec.

Détenteur d’un doctorat en archéologie depuis 1989, Paul-Gaston L’Anglais a participé à de nombreux chantiers d’envergure, comme le Palais de l’intendant et les Forts-et-Château-Saint-Louis à Québec. Il possède une connaissance fine de la culture matérielle des sites archéologiques du Régime français au Québec.

Pour en savoir plus

Visite virtuelle de l’hôpital général

Exposition virtuelle Terre nourricière

lieux des sites archéologiques

World, Ecoregion, White, Map, Product, Font

QUÉBEC

12 trésors archéologiques du québec

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Texte et recherche: Mylène Laurendeau et Paul-Gaston L’Anglais

Design et expérience numérique: Marcel Allard

Photos et illustrations: Archives des Sœurs Grises de Montréal ; Guy Lessard/Architruc ©Pointe-à-Callière, cité d’archéologie et d’histoire de Montréal, 2025 ; Collection des Sœurs Grises de Montréal ; Gestion Providentia et fournie par Paul-Gaston L’Anglais